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Date Posted: 04:43:53 06/07/04 Mon
Author: FUJA
Subject: l'étiquette ne fait pas l'éthique par Jacques Testart / Libération


http://www.liberation.fr/page.php?Article=211927



Les consommateurs ne pourront évaluer les conséquences variées de cette industrie sur
l'environnement, l'agriculture, etc.
OGM: l'étiquette ne fait pas l'éthique

Par Jacques TESTART

'est fait ! Le moratoire européen sur les OGM a été levé, quelques semaines après l'obligation
d'étiquetage et traçabilité des aliments contenant des OGM. Les deux décisions, quasi simultanées,
arrivent juste au moment où les multinationales du transgénique étaient presque étranglées :
Monsanto a annoncé, il y a quelques mois, son retrait des «plantes médicaments», cet écran de fumée
pour faire passer les OGM alimentaires (Libération du 12 septembre 2003) ; la même firme a aussi
renoncé, il y a quelques jours, au blé transgénique, à la demande des céréaliers nord-américains inquiets
de ne pas pouvoir écouler leur production. On imagine l'intensité des opérations de lobbying auprès de la
Commission européenne pour parvenir aux récentes percées du marché, d'autant que plusieurs régions
françaises et européennes viennent de se déclarer «zone sans OGM». Les élus n'ont pas eu le courage
de prendre la décision de commercialiser le maïs BT11 et, au risque d'établir une jurisprudence
dangereuse, ils ont remis leur pouvoir à la Commission, dont les faveurs étaient connues. Ainsi,
ministres de l'Agriculture et parlementaires s'en tirent plutôt lâchement et la balle arrive dans le camp
des consommateurs.

Le plus scandaleux est que cette nouvelle victoire de la technique sur l'éthique soit présentée comme le
comble de la démocratie : «Les consommateurs vont enfin pouvoir choisir...» Cela signifierait que les
contradictions entre experts, l'absence de certitude quant à l'innocuité des plantes transgéniques,
peuvent être aisément dépassées par chaque personne ordinaire. Voilà une conception mystique de la
démocratie qui laisse croire qu'un jugement éclairé pourrait arriver en l'absence du savoir correspondant.
C'est pourtant bien le doute sur la pertinence du jugement commun qui a fait négliger les sondages
d'opinion montrant que plus de 70 % des Européens se déclarent opposés à la consommation d'OGM,
avec une proportion supérieure parmi les personnes les plus instruites. Veut-on gaver d'OGM les 30 %
qui se déclarent disponibles pour cet essai ? Ou jouer la carte de la banalisation par usure ? En fait, la
décision qui vient d'être prise au nom du «progrès inévitable acquis grâce à la maîtrise de la nature» ne
fait qu'illustrer les carences de ce progrès, puisque nul n'a encore démontré quelque avantage des
plantes transgéniques pour les consommateurs, et aussi les carences de la maîtrise, puisque les experts
restent divisés sur l'innocuité de ces végétaux. «Etiquetage et traçabilité ne sont pas une panacée»,
écrivions-nous il y a cinq ans (Libération du 26 septembre 1999). Dorénavant, il appartient à chaque
acheteur potentiel, dans chaque travée de supermarché, de se substituer à la démission des politiques, à
la carence des experts, à la faillite du «progrès». A quoi servent donc les élections et les laboratoires ?
Qu'est-ce que la démocratie si elle considère que la réalité (les OGM sont soit inoffensifs, soit dangereux)
peut être traitée comme une opinion ? La toute-puissance, longtemps promise par la technoscience,
vient ici d'entrer en sénescence.

Autre signe de démocratie défaillante : le gouvernement répète, aujourd'hui, l'opération infamante
menée à deux reprises en 2003 pour recueillir «l'opinion des Français» sur la culture de nouveaux OGM
(recherche en milieu ouvert). Ces opérations sont confidentielles (qui en connaît l'existence?), sélectives
(menées sur l'Internet), et leur conclusion convenue est un défi à la probité. Ainsi en 2003, tout en
annonçant l'opposition de 95 % des internautes, le ministre de l'Agriculture décidait d'autoriser ces
plantations....

Mais il y a plus grave. Alors que l'acceptation par les consommateurs permettra à l'industrie des OGM de
s'imposer, l'étiquette ne dit pas que cette industrie est susceptible d'effets variés, lesquels ne sont pas
évalués par l'acheteur d'aliments contenant des OGM. En acceptant le maïs transgénique à votre table,
vous aggraverez la pollution génétique des variétés sauvages de maïs mexicain, berceau de la plante et
ultime réservoir de sa biodiversité. En acceptant le soja transgénique à votre table, vous contribuerez à
la stérilisation des terres arables, comme on l'a vu en Argentine suite à l'abus des désherbants que
tolère la chimère génétique. En acceptant de consommer tout produit issu de plantes transgéniques,
vous participerez à des atteintes graves à l'environnement (flore et faune du sol) et à la contamination
progressive des plantes «ordinaires» par le transgène, conduisant, entre autre, à la fin de l'agriculture
biologique. Surtout, vous ferez avancer le grand projet financier qui explique toute cette affaire : la prise
de pouvoir par quelques multinationales sur l'alimentation mondiale, au moyen des brevets sur le vivant,
des marchés captifs, de la soumission des paysans au rôle d'agriculteurs contractuels.

Tous ces méfaits secondaires ne sont pas évoqués par l'étiquette et le «choix» du consommateur ne
peut alors pas être un choix éthique puisqu'il se réduit à un pari sur la santé immédiate de sa propre
famille.



Jacques TESTART, directeur de recherche à l'Inserm, administrateur de l'association Inf'OGM

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