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Date Posted: 06:54:51 11/15/04 Mon
Author: Écoagir
Subject: Notre mère la Terre

Notre Dame la Terre

Je vous envoie ce beau texte, il nous aide à mieux aimer celle qui nous fait
vivre.

Amicalement,
Leary

Notre-Dame la Terre
Par Jean Markale


Autrefois, les hommes savaient que la Terre était vivante et, mieux encore,
ils savaient qu'elle était Vie, cette mystérieuse vie surgie du fond des
âges et qui s'épanouissait au milieu des arbres et des fleurs d'un verger
enclos de grand murs. Et ils l'honoraient, la vénéraient, l'adoraient,
conscients de tout ce qu'ils devaient à leur créatrice, à leur mère
innombrable. Comme une femme qui allaite, la Terre, par ses multiples
mamelles, dispensait à ses enfants les sources et les fruits dont ils
avaient besoin dans leur immense tentative pour s'élever vers le siècle.
Ainsi, pendant des siècles, on chanta pour elle des chants de louange et de
reconnaissance. Jamais on ne la blessait, jamais on ne la heurtait, par
respect infini pour celle qui, par amour, avait sorti de son ventre les
créatures et les nourrissait de cette sève mystérieux qu'est l'âme du monde.
Mais les hommes savaient aussi que la Terre, comme une mère, détenait la
connaissance parfaite des délicates harmonies sans lesquelles le monde ne
pourrait exister. La Déesse-Terre ne pouvait se tromper : aussi était elle
devenue " Celle-qui-doit-être-obéie, la toute puissante souveraine des êtres
et des choses ". Il ne faudrait pourtant pas s'y tromper : cette puissance
et cette souveraineté n'était pas des rapports de force et d'obligation,
mais un échange perpétuel entre celle qui donnait et ceux qui recevaient,
car ces derniers, par reconnaissance, offraient à la Terre tout ce qu'il y
avait de meilleur, et surtout, ils s'efforçaient de suivre avec confiance
les itinéraires qu'elle traçait dans le rythme des saisons et des jours.
Arriva le moment ou l'homme, peut être Adam ou Eve au jardin d'Eden, ou
encore Caïn sur des espaces en friche, eut le désir de secouer ce qu'il
ressentait comme un joug, comme une soumission aveugle à un être dont on ne
comprend plus le message d'amour. L'homme creusa donc la Terre et y déposa
des semences. Ce fut un viol mais surtout un inceste, dont le souvenir, à
travers une série de spéculations philosophiques, s'est perpétué dans le
mythe d'Oedipe et de Jocaste, si l'on considère que Jocaste n'est autre que
la forme rassurante de la Sphynge, image évidente d'une nature sauvage,
dangereuse, dévorante. L'homme n'avait plus confiance dans la Terre et,
comme il en avait peur, il voulut en faire une esclave : ce n'était plus "
Celle-qui-doit-être-obéie " mais " Celle-qui-doit-obéir ". Tragique tournant
de l'histoire de l'univers - et pourtant si fécond ! - qu'on appelle
naissance de l'agriculture…
Un autre mythe témoigne de ce passage, le mythe fondateur de Delphes, quand
Apollon tue le serpent Python et prend sa place sur les autels, face à
l'adoration des foules. Car la Terre Mère est alors déchue de son rang de
Déesse au profit d'un dieu céleste tombé des étoiles. La Déesse n'est plus
qu'un simple médium qui reçoit les messages du dieu, mais ce sont des
hommes, les prêtres de l'oracle en l'occurrence, qui les interprètent. La
Femme n'est plus créatrice, elle est devenue procréatrice, ce qui est
l'indice non seulement d'un renversement de l'ordre social mais d'une
inversion totale de polarité quand à l'appréhension du divin. Le Dieu Père a
refoulé la Déesse Mère dans les ténèbres de l'inconscient, avec tout ce que
cela comporte d'autoritarisme, de violence et de ruptures d'équilibre.
Depuis lors, l'homme enivré de virilité, avilit et saccage l'héritage
maternel, exploitant outrageusement la nature et croyant s'en libérer par
des blasphèmes répétés. On comprend mieux alors la thèse gnostique selon
laquelle le dieu mâle, quel que soit son nom, a emprisonné la Ptisis Sophia,
et pourquoi celle-ci se lamente, attendant désespérément que ses fils
pourtant bien-aimés se révoltent et la délivrent pour redonner sa splendeur
au monde. Le Christianisme officiel, en prétendant que l'homme est au centre
de l'univers et que tout l'univers est à sa disposition, n'a fait
qu'aggraver le déclin de Notre Dame la Terre. Que sont devenus nos frères
les animaux, nos frères les végétaux, nos sœurs les pierres, sinon de la
matière, infâme manifestation de l'Esprit ? On a oublié que dans le terme "
matière " il y a le mot mater, qui signifie simplement " mère ".
Pourtant l'ombre de la Terre-Mère n'a pas cessé de rôder sur l'humanité, et
la Bible témoigne souvent de la lutte entreprise par les zélateur du Dieu
Père contre les idoles féminines qui surgissaient de temps à autre parmi le
peuple élu. Que de déchirements, que d'incompréhensions, que d'usurpations !
Mais lorsqu'à Bethanie, Le Christ, qui avait déjà reçu l'onction sacerdotale
du Dieu Père de la main de Baptiste, eut accepté une autre onction, celle de
la Déesse Mère, de la main de Marie de Magdala, grande prêtresse des anciens
cultes telluriques, il ne fit pas autre chose que de manifester sa volonté
de rétablir l'ordre rompu, de réconcilier enfin les deux principes
fondateurs de l'univers. Mal lui en a pris, car Judas - le texte évangélique
est très clair sur ce point - le dénonça précisément à cause de ce geste.
Nous en sommes là. A force d'industrie et de technologie, les hommes ont
presque tué la Déesse-Terre en la vidant de sa substance sacrée. Mais la
Terre se défend. La Terre est malgré tout vivante parce qu'elle est sacrée.
Elle se secoue, elle manifeste sa colère, elle rejette les aberrations des
hommes, prête à les détruire s'ils persistent dans leur volonté suicidaire.
Avons nous oublié les innombrables témoignages du culte qu'ont rendu les
hommes d'autrefois à cette divinité bienfaisante qui ne demande qu'à serrer
ses enfants dans ses bras ? Il serait bon de les prendre en compte ces
témoignages, que ce soient des temples, des lieux, des pierres, des lacs,
des gouffres, des dalles gravées de signes énigmatiques. Le destin du monde
est en jeu et , si l'on n'y prend pas garde, la bonne Déesse deviendra Kâli,
celle qui dévore ses enfants.
Il nous faut partir en pèlerinage dans les sanctuaires éternels de Notre
Dame la Terre.

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