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Date Posted: 08:15:20 01/28/05 Fri
Author: Sophie
Subject: Surconsommation

Intervention de Sophie Bessis, de Geenpeace France.

Sophie Bessis : « Ces butagaz qui chauffent l'air froid pour permettre aux gens riches que nous sommes, de pouvoir être à une terrasse de café, même en plein hiver, cela brûle de l'énergie fossile. Un autre exemple me frappe beaucoup. La climatisation est quelque chose de généralisé et on assiste à l'absurdité suivante. L'été, on se gèle dans les magasins à 16 ou 18 degrés, et l'hiver, on chauffe à 22 ou 23 degrés. On refroidit en été plus que ce que l'on a besoin et on chauffe plus que de nécessaire en hiver. Nous sommes dans une logique où tous nos modes de vie incitent à une surconsommation permanente. Je prends deux exemples, mais on pourrait en trouver dans une série de domaines. On pourrait résumer cette société dans laquelle on vit, (on pourrait même dire cette civilisation dans laquelle on vit ): c'est j'achète, donc je suis. Si je n'achète pas, je suis une non-personne. Tous les hommes politiques d'Europe et d'Amérique du Nord, de quelques bords qu'ils soient, entonnent tous la même injonction aux citoyens : "Consommez toujours plus. Gavez vous !". On nous dit que la croissance et la richesse nationale, dépend de votre capacité à nous gaver.

La question corollaire qui doit être posée est : qu'est-ce que nous faisons quand nous consommons ? Quelles sont les conséquences de notre consommation sur notre planète et son devenir ? Notre consommation est unique par son importance. En effet, l'Europe et l'Amérique du Nord représentent un milliard de personnes sur six milliards d'habitants de la planète (soit environ 15% de la population mondiale) et consomment les deux tiers de la consommation planétaire. Le mode de vie de cette partie du monde est basé sur une croissance infinie de la consommation. Il n'y aurait pas de limites aux besoins qui sont les nôtres. Ce mode de vie, ce mode de civilisation, ce rapport au monde, nécessite des ressources nombreuses, abondantes et bon marché (par définition, la consommation est un produit de masse et pas un produit de luxe).

Le fait que nous ayons besoin de ressources nombreuses, abondantes et bon marché, fait que notre mode de consommation est aussi une source de la conflictualité mondiale. Aujourd'hui, nous savons qu'il y a des guerres du pétrole et nous protestons contre ces guerres du pétrole. Mais pourquoi y a-t-il des guerres du pétrole ? Cela nous permet de maintenir le cours du pétrole à un prix très bas, qui nous permet, entre autres, de chauffer la rue. Je caricature un petit peu, car il ne s'agit pas seulement de chauffer la rue, mais je crois que c'est une caricature qui fait sens.

Le consommateur, qu'il le sache ou pas, est un acteur de la politique nationale et de la politique mondiale. Notre mode de vie, notre mode de consommation peut engendrer la guerre, peut accélérer la dégradation de notre planète. En revanche, si nous consommons de façon citoyenne, nous pouvons contribuer, à notre niveau (si modeste soit-il) de réduire les risques de conflits. Mais l'évolution de nos modes de vie se heurte à tant d'obstacles, qu'il apparaît difficile de les franchir.

Depuis quelques années, en France et en Europe, de plus en plus de gens prennent conscience de la gravité des enjeux environnementaux de la planète. La vache folle, les variations climatiques, l'impossibilité de boire de l'eau du robinet dans des régions entières de France, sont autant de preuves que la dégradation de l'environnement, du fait de notre surconsommation ou de notre malconsommation, est un problème de société. Mais il y a bien sûr les contraintes financières, les routines de la vie quotidiennes, les résistances culturelles, les modes de production qui restreignent les choix offerts aux citoyens qui incitent à opposer progrès social et sobriété de la consommation. Dans nos sociétés, le mieux, se traduit en plus. Le mieux et le plus sont des synonymes. C'est ainsi que la surconsommation est synonyme de progrès. Bien sûr, nous condamnons la vache folle et les OGM, mais adaptons-nous notre consommation à cette condamnation ? Bien sûr, nous craignons les accidents climatiques, mais est-on prêt à changer nos modes de déplacement dans la cité (si toutefois c'est possible et que les politiques nous y incitent en changeant leurs priorités d'investissement) ? Bien sûr nous ne voulons pas de déchets nucléaires, mais est-on prêt à diminuer notre consommation d'électricité pour pouvoir arrêter des centrales ? Bien sûr, nous condamnons le travail des enfants dans les pays du sud, mais la manipulation des marques et la volonté d'acheter moins cher, nous fait acheter ces produits. Alors, comment peut on combattre cette schizophrénie collective ? C'est à la réflexion sur ces contradictions que nous devons nous atteler.

La question des modes de production et de consommation nous pose deux grands défis. Parce qu'elle est à la fois au coeur des inégalités mondiales et au coeur de la question de l'avenir de l'humanité. Si 15% des habitants consomment deux tiers de l'énergie mondiale, cela ne va pas dans le sens d'une plus grande équité entre les différents peuples de cette planète. Nous savons aujourd'hui que si les six milliards d'habitants de la planète (et les huit milliards demain), consommaient comme nous, il faudrait soit trois ou quatre planètes pour satisfaire ces modes de consommation, soit la capacité de la planète à absorber nos déchets, serait terminée en dix ans.

Notre mode de consommation n'est pas généralisable à l'ensemble de la planète. A partir du moment où ce mode de consommation n'est pas généralisable, il n'est pas un droit, il est un privilège.

Avons-nous la volonté, en tant que citoyens et consommateurs, de renoncer progressivement à ce privilège, pour que l'ensemble de nos concitoyens de la planète puissent accéder à une vie décente et digne, et que l'ensemble des générations futures ne trouvent pas notre planète saccagée par notre irresponsabilité ?

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